Matthieu Rosset : Plongeon dans la vie d'un champion

Champion d’Europe, champion du monde, deux participations aux Jeux Olympiques, le palmarès de Matthieu Rosset est bien garni. Ce dernier est passé par toutes les émotions dans sa carrière de plongeur.

photo : Icon Sport

Dans son emploi du temps bien chargé entre entrainement, musculation, gymnastique et sa nouvelle passion pour la pêche, le champion français de 30 ans s’est prêté à mon jeu du portrait.

Enfant plein d’énergie qui enchaînait les saltos à la piscine, ses parents ont décidé de mettre son talent à profit. C’est ainsi que Matthieu a débuté le plongeon à l’âge de 7 ans au Lyon Plongeon Club avant de rejoindre l’Union Sportif de l’Ouest Lyonnais Vaugneray en 2005.

Matthieu a ensuite intégré l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) à Paris dans le but de pouvoir s’entrainer plus et atteindre le haut niveau. Ses débuts parisiens ont été compliqués et il a même pensé à tout arrêter, mais son âme de compétiteur n’était pas prête à lâcher de sitôt. Et quand on voit son palmarès, nous sommes bien contents qu’il ait continué.

« Quand on entend La Marseillaise c’est vraiment prenant. »

En 2012 aux championnats d’Europe d'Eindhoven aux Pays-Bas, Matthieu a décroché son premier titre au tremplin de 3m et son ticket pour les Jeux Olympiques de Londres. Une belle revanche contre les personnes qui n’ont pas cru en lui et un beau cadeau pour ses amis et sa famille qui l’ont toujours soutenu.

photos : AFP, Zimbio

Cette victoire est d’autant plus savoureuse lorsque l’on sait que Matthieu a effectué ses premiers pas sur la scène internationale à Eindhoven en 2008.

Quelques années plus tard à Rostock en Allemagne, il réalise le grand chelem en remportant le concours du 1m et du 3m aux championnats d’Europe 2015. Parfait pour mettre le plongeur en confiance et le charger à bloc pour partir aux Jeux Olympiques de Rio avec un seul but en tête : le podium.

photos : AGE fotostock, FFN.

« Rio a été une grosse déception. »

Malheureusement, Rio ne s’est pas déroulé comme prévu. En désaccord avec son entraineur et enchainant les blessures, Matthieu a souffert durant l’été 2016 où il a échoué lors des éliminatoires des JO à 3m.

photo : FFN

Post Rio, Matthieu n’était pas encore prêt à raccrocher le maillot, il avait d’abord besoin de retrouver le plaisir de plonger. Ce retour au plaisir s’est alors avéré plus que fructueux.

Avec un nouvel état d’esprit et une nouvelle technique, le champion d’Europe avait enfin de nouvelles sensations sur la planche et pouvait aborder les compétitions différemment sur le plan mental.

La consécration arriva pendant l’été 2017 à Budapest où Matthieu, en partenariat avec Laura Marino du Lyon Plongeon Club, décrocha l’or aux championnats du monde. A l’inverse de sa partenaire, Matthieu ne suivait pas les résultats pendant son concours mais pouvait sentir que le podium était proche. C’est en croisant le regard de son entraineur Alexis Coquet et de Laura qu’il a réalisé qu’ils avaient atteint la plus haute marche.

« Je ne pensais pas qu’on était aussi haut. »

photos : FFN, alamy

Redescendre de ce petit nuage a été long et l’atterrissage également. Matthieu a décidé de faire un break après Budapest pour se reposer physiquement et obtenir un diplôme dans le cinéma. J’aimerai préciser que durant ce repos physique, le champion du monde a tout de même fini la SaintéLyon, une course de nuit de 72 km, rien que ça.

(gauche) Matthieu dans l'Hérault s'entrainant à 20m (photo : Martin Eyraud) et (droite) Matthieu lors de la SaintéLyon (photo : instagram)

De retour à l’INSEP depuis maintenant un an, Matthieu s’est spécialisé en plateforme à 10m et espère se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo l’été prochain en individuel et en plongeon synchronisé avec Benjamin Auffret. Dans les années futures, il aimerait aussi participer aux RedBull Cliff Diving World Series, plongeon extrême à 27m.

« J’ai toujours voulu entrainer. »

Matthieu passe actuellement un DESJEPS (diplôme d'état) dans le but de pouvoir entrainer le haut niveau un jour et pourquoi pas allier sa passion du cinéma avec le plongeon pour réaliser un film ou écrire un livre.

Je lui souhaite de réaliser tous ses projets, qu’ils soient sur le plan sportif ou professionnel. Ce qui est certain c’est que sa grande expérience dans le sport de haut niveau lui servira pour le futur peu importe ce qu'il décidera d'entreprendre. Matthieu a déjà su tirer avantage de cela dans sa nouvelle passion pour la pêche qui requiert patience et technique.

« Avec le haut niveau tout va plus vite car on est formaté à réussir quand on essaie des choses qu’on aime. »

photos : instagram, Benjamin Auffret, Julien Blanc

Sur ces belles paroles, je remercie Matthieu d’avoir répondu à mes questions et je suivrai de près ses résultats cette saison en espérant que la crise sanitaire n’empêche pas son bon déroulement.